Contenu adaptĂ© de “Etudes marketing”, Malhotra, DĂ©caudin, Bouguerra, Bories, 6Ăšme Ă©dition, Pearson.
L’analyse conjointe a pour but de dĂ©terminer l’importance relative que les consommateurs attachent aux attributs fondamentaux et aux utilitĂ©s des niveaux des attributs.
Ces informations sont déduites de leurs évaluations des marques composés de ces attributs et de leurs niveaux.
Des stimuli, combinaisons de niveaux d’attributs, sont prĂ©sentĂ©s aux individus, qui doivent les Ă©valuer selon leur attrait.
Les procĂ©dures conjointes ont pour but d’estimer les niveaux de chaque attribut afin que les valeurs rĂ©sultantes ou les utilitĂ©s attachĂ©es aux stimuli concordent, autant que possible, avec les Ă©valuations de dĂ©part fournies par les rĂ©pondants.
L’hypothĂšse fondamentale est que tout ensemble de stimuli tel que produits, marques, ou magasins est Ă©valuĂ© en tant que groupe d’attributs.
L’analyse conjointe repose sur les Ă©valuations subjectives des personnes interrogĂ©es Ă l’Ă©gard de combinaisons de niveaux d’attributs dĂ©terminĂ©s Ă l’origine par l’enquĂȘteur. Elle vise Ă dĂ©velopper les fonctions d’utilitĂ© dĂ©duites des niveaux de chaque attribut.
Les diffĂ©rentes objectifs de l’analyse conjointe
DĂ©terminer l’importance relative d’attributs dans le processus de choix des consommateurs.
Estimer la part de marché des marques qui différent quant aux niveaux des attributs.
Déterminer la composition des marques les plus appréciées.
Notions statistiques et termes associĂ©s Ă l’analyse conjointe
Les termes importants et les notions statistiques associĂ©s Ă l’analyse conjointe comprennent :
Les fonctions d’utilitĂ© : Elles dĂ©crivent l’utilitĂ© que les consommateurs attachent aux niveaux de chaque attribut.
Les coefficients de pondĂ©ration de l’importance relative : EstimĂ©s, ils indiquent quels attributs sont importants dans l’influence du choix di consommateur.
Les niveaux d’attributs : Ils dĂ©notent les valeurs prises par les attributs.
Les profils complets : Ils sont construits en fonction de tous les attributs en utilisant les niveaux d’attributs spĂ©cifiĂ©s par le plan.
Les tableaux de paires : Ils servent pour les personnes interrogĂ©es, Ă Ă©valuer deux attributs simultanĂ©ment et ce, jusqu’Ă ce que toutes les paires d’attributs aient Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es.
Les plans en bloc incomplet : Utilisés pour réduire le nombre de comparaisons de paires.
Les plans factoriels fractionnaires : Utilisés pour réduire le nombre de profils de stimulus à évaluer pour la méthode du profil complet.
Les plans en carré latin : Ils forment une classe spéciale de plans factoriels fractionnaires qui permettent une estimation efficace de tous les effets principaux.
La validité interne : Elle implique une corrélation entre les évaluations prédites pour les stimuli de validation et celles obtenues à partir des personnes interrogées.
MĂ©thodologie de l’analyse conjointe
Les diffĂ©rentes Ă©tapes de l’analyse conjointe sont :
- La formulation du problĂšme
- La construction des stimuli
- Le choix de la forme des données de départ
- Le choix d’une mĂ©thode d’analyse conjointe
- L’interprĂ©tation des rĂ©sultats
- L’Ă©valuation de la fiabilitĂ© et de la validitĂ©
1. La formulation du problĂšme
2. La construction des stimuli
Deux mĂ©thodes gĂ©nĂ©rales peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour la construction des stimuli : la mĂ©thode par paires et la mĂ©thode du profil complet.
Dans la mĂ©thode par paires, aussi dĂ©nommĂ©e “Ă©valuations Ă deux facteurs”, les personnes interrogĂ©es Ă©valuent deux attributs en mĂȘme temps jusqu’Ă ce que toutes les paires d’attributs possibles aient Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es. Pour chaque paire, toutes les combinaisons de niveaux des deux attributs sont Ă©valuĂ©es.
Dans la mĂ©thode du profil complet, Ă©galement appelĂ©e “Ă©valuations Ă facteurs multiples”, les profils complets ou entiers de marques sont construits pour tous les attributs. Typiquement, chaque profil est dĂ©crit sur une carte sĂ©parĂ©e.
Il n’est pas nĂ©cessaire d’Ă©valuer toutes les combinaisons possibles, et ce n’est pas faisable dans tous les cas. Dans la mĂ©thode par paires, il est possible de rĂ©duire le nombre de comparaisons par paire en utilisant des plans en bloc incomplet. De mĂȘme, dans la mĂ©thode du profil complet, le nombre de profils de stimulus peut ĂȘtre nettement diminuĂ© au moyen de plans factoriels fractionnaires. Une estimation efficace de tous les effets principaux est possible grĂące Ă une classe spĂ©ciale de plans fractionnaires, appelĂ©s carrĂ©s latins. Ils permettent de mesurer tous les effets principaux intĂ©ressants sur une base non corrĂ©lĂ©e et supposent que toutes les interactions sont nĂ©gligeables. GĂ©nĂ©ralement, deux ensembles de donnĂ©es sont obtenus, l’un, l’ensemble d’estimation, est utilisĂ© pour calculer les fonctions d’utilitĂ© pour les niveaux d’attributs, tandis que l’autre, l’ensemble de validation, l’est pour Ă©valuer la fiabilitĂ© et la validitĂ©.
L’avantage de la mĂ©thode par paires est que les personnes interrogĂ©es fournissent les rĂ©ponses facilement. Cependant, son inconvĂ©nient relatif est qu’elle nĂ©cessite plus d’Ă©valuations que la mĂ©thode du profil complet. Par ailleurs, le travail d’Ă©valuation peut ĂȘtre irrĂ©aliste lorsque seulement deux attributs sont Ă©valuĂ©s simultanĂ©ment. Alors que les deux mĂ©thodes prĂ©sentent des utilitĂ©s comparables, la mĂ©thode du profil complet est plus frĂ©quemment utilisĂ©e.
3. Le choix de la forme des données de départ
Les donnĂ©es de dĂ©part de l’analyse conjointe peuvent ĂȘtre mĂ©triques ou non mĂ©triques. Dans ce dernier cas, on demande gĂ©nĂ©ralement aux personnes interrogĂ©es d’ordonner les Ă©valuations des rangs.
Pour la mĂ©thode par paires, les individus classent toutes les cellules de chaque matrice selon leur intĂ©rĂȘt.
Pour la mĂ©thode du profil complet, ils classent tous les profils de stimulus. Les rangs impliquent des Ă©valuations relatives des niveaux d’attributs. Certains pensent que de telles donnĂ©es reflĂštent prĂ©cisĂ©ment le comportement des consommateurs sur le marchĂ©.
Dans la forme mĂ©trique, les personnes interrogĂ©es fournissent des Ă©valuations plutĂŽt que des rangs. Les jugements sont gĂ©nĂ©ralement rendus indĂ©pendants. Les dĂ©fenseurs des donnĂ©es d’Ă©valuation pensent qu’elles sont plus pratiques pour les rĂ©pondants et plus aisĂ©es Ă analyser que les rangs. Cette mĂ©thode est devenue de plus en plus frĂ©quente.
Dans l’analyse conjointe, la variable dĂ©pendante est gĂ©nĂ©ralement la prĂ©fĂ©rence ou l’intention d’acheter. En d’autres termes, les personnes interrogĂ©es fournissent des Ă©valuations ou des rangs selon leur prĂ©fĂ©rence ou leurs intentions d’achat. Cependant, la mĂ©thodologie de l’analyse conjointe est flexible et peut s’appliquer Ă d’autres variables dĂ©pendants, y compris l’achat rĂ©el ou le choix.
4. Le choix d’une mĂ©thode d’analyse conjointe
Le modĂšle de l’analyse conjointe de base peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ© par la formule suivante :
U(x) = UtilitĂ© globale d’une alternative
ui,j=l’utilitĂ© associĂ©e au jĂšme niveau (j,j =1,2,…ki) du iĂšme attribut (i, i=1,2, …m)
ki = nombre de niveaux de l’attribut i
m = nombre d’attributs
xi = 1 si le jÚme niveau du iÚme attribut est présent
xi = 0 autrement
L’importance d’un attribut, Ii, est dĂ©finie selon l’Ă©tendue des utilitĂ©s, ui,j, Ă travers les niveaux de cet attribut :
Ii = { max(uij) – min (uij) } , pour chaque i
L’importance de l’attribut est rĂ©duite afin d’identifier son importance relative par rapport Ă d’autres attributs, Wi :
Tel que :
L’estimation du modĂšle de base :
Plusieurs procĂ©dures diffĂ©rentes sont disponibles pour l’estimation du modĂšle de base. La plus simple, et la plus populaire, est la rĂ©gression avec des variables dichotomiques.
Les variables explicatives sont des variables dichotomiques pour les niveaux d’attributs. Si un attribut a Ki niveaux, il est codĂ© selon Ki-1 variables dichotomiques. Si les donnĂ©es obtenues sont mĂ©triques, les estimations, supposĂ©es ĂȘtre Ă intervalles rĂ©guliers, forment la variable Ă expliquer.
Si les donnĂ©es sont non mĂ©triques, les rangs peuvent ĂȘtre convertis en 0 ou en 1 en faisant des comparaisons par paire entre les marques. Dans ce cas, les variables explicatives reprĂ©sentent les diffĂ©rences dans les niveaux d’attributs des marques comparĂ©es. Il existe d’autres mĂ©thodes appropriĂ©es pour les donnĂ©es non mĂ©triques telles que LINMAP, MONANOVA ou le modĂšle LOGIT.
Le niveau d’analyse
Les donnĂ©es peuvent ĂȘtre analysĂ©es au niveau individuel ou Ă un niveau agrĂ©gĂ©.
Dans le cas de l’analyse au niveau individuel, les donnĂ©es de chaque individu sont analysĂ©es sĂ©parement.
Dans le cas de l’analyse au niveau agrĂ©gĂ©, il faut imaginer des mĂ©thodes pour regrouper les individus. Une approche frĂ©quente consiste tout d’abord Ă estimer au niveau individuel les fonctions d’utilitĂ©. Les individus sont ensuite regroupĂ©s sur la base de la similitude de leurs utilitĂ©s. Une analyse d’ensemble est ensuite menĂ©e pour chaque groupe. Un modĂšle appropriĂ© pour estimer les paramĂštres doit enfin ĂȘtre spĂ©cifiĂ©.
5. L’interprĂ©tation des rĂ©sultats
Pour interprĂ©ter les rĂ©sultats, il est utile de tracer le graphique des fonctions d’utilitĂ©.
6. L’Ă©valuation de la fiabilitĂ© et de la validitĂ©
Il existe plusieurs mĂ©thodes pour Ă©valuer la fiabilitĂ© et la validitĂ© des rĂ©sultats de l’analyse conjointe :
La qualitĂ© d’ajustement du modĂšle doit ĂȘtre Ă©valuĂ©. Si on utilise la rĂ©gression avec une variable dichotomique, la valeur R2 indiquera la mesure dans laquelle le modĂšle est adaptĂ© aux donnĂ©es. Les modĂšles mal ajustĂ©s sont considĂ©rĂ©s comme “suspects”.
La fiabilitĂ© du test/re-test peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e en utilisant quelques jugements rĂ©pliquĂ©s dans la collecte de donnĂ©es. En d’autres termes, plus tard, dans le questionnaire, on demande aux personnes interrogĂ©es d’Ă©valuer une seconde fois certains stimuli choisis. Les deux valeurs sont ensuite corrĂ©lĂ©es pour Ă©valuer la fiabilitĂ© du test/re-test.
Les Ă©valuations pour les stimuli de validation peuvent ĂȘtre prĂ©dites par les fonctions d’utilitĂ© estimĂ©es, puis corrĂ©lĂ©es avec celles obtenues des personnes interrogĂ©es pour dĂ©terminer la validitĂ© interne.
Si une analyse au niveau de l’ensemble a Ă©tĂ© menĂ©e, l’Ă©chantillon d’estimation peut ĂȘtre divisĂ© de diffĂ©rentes façons et une analyse conjointe conduite sur chaque sous-Ă©chantillon. Les rĂ©sultats sont comparĂ©s entre les sous-Ă©chantillons pour Ă©valuer la stabilitĂ© des solutions.